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Les banques, un échec pour les fonds souverains ?

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Les fonds souverains peinent à digérer leurs investissements dans le secteur bancaire, et voient leurs marges de manoeuvre se rétrécir.

En se dotant d’un fonds souverain en pleine crise économique, le Brésil acte la pertinence d’un modèle répandu depuis plus de 30 ans, et qui consiste à faire fructifier les excédents budgétaires à partir de prises de participations dans des entreprises du monde entier. Même si elle se rapproche pour l’heure du cas français, où les investissements consistent à aider les entreprises nationales, l’initiative intervient alors que le déficit budgétaire est au plus bas: ce coup d’essai pourrait être transformé, à l’image des fonds norvégiens, russes, chinois ou saoudiens.

Toutefois, ce nouvel organe ne pourra pas contourner les difficultés économiques et financières actuelles, dont ils font les frais. Le Qatar a annoncé avoir gelé ses investissements pour une période de six mois, après avoir vu ses actifs chuter de 41 % l’an dernier, à l’image du Koweït ou d’Abu Dhabi, avec des reculs allant de 36 à 40 %. Les dépréciations d’actifs constituent aujourd’hui la bête noire de ces fonds, qui perdent de vue leurs objectifs.  La persistance des difficultés des banques les affecte aussi. A Singapour, les dirigeants du fonds ont admis être entré trop tôt dans UBS et Citigroup, deux établissements bancaires en déroute.

La China Investment Corp, qui a notamment volé au secours du fonds Blackstone ou de Morgan Stanley, se concentrera pour sa part sur les seules banques chinoises. Selon l’International Financial Services London, les sovereign pension funds ont perdu plus de 60 milliards de dollars en investissant dans des banques américaines, britanniques et suisses.

Les banques recherchent des investisseurs capables de s’engager à long terme pour garantir une certaine stabilité, et avaient accueilli, au plus fort de la crise, ces structures à bras ouverts. Soutenues par des cours du pétrole élevés, leurs marges de manoeuvre semblaient, il y a quelques mois encore, sans limite. Mais la baisse des prix de l’or noir, qui a amputé la valeur des exportations (une donnée essentielle pour la plupart des fonds du Moyen-Orient), et leurs prises de participation hasardeuses ralentissent aujourd’hui leur progression.

Merrill Lynch constitue un exemple probant: en janvier 2008, la banque d’affaires levait 5 milliards de dollars auprès d’un fonds de Singapour, en échange de 10 % de son capital. Depuis, le titre a chuté de plus de 70 % en Bourse ! Autre cas, celui de la banque américaine Washington Mutual reprise à bas prix par JP Morgan Chase.

Malgré ces investissements infructueux, les fonds souverains anticipent déjà l’avenir. « Les opérations à l’étranger reprendront, car, même aujourd’hui, ils regardent des dossiers en Occident, dans les secteurs de la finance et des matières premières. Dès qu’il y aura un peu plus de visibilité ils feront des affaires« , explique au Journal des Finances Riadh El Hafdhi, spécialiste du Moyen-Orient au Crédit Agricole. L’automobile, actuellement en crise, constitue une opportunité en Europe: l’allemand Daimler vient ainsi d’accueillir un fonds d’Abu Dhabi à son capital.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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