Les plans de relance se distinguent par leurs inégales parts consacrées à l’environnement. Le programme des Nations Unies pour l’environnement appelle les gouvernements à s’accorder sur une stimulation de l’économie par l’écologie, un « Green New Deal ».
Auteur d’un rapport sur un potentiel « Green New Deal », l’économiste américain Ed Barbier estime « qu’il faut des mesures qui puissent avoir un impact rapidement, d’ici deux ou trois ans. Il faut qu’elles puissent diminuer la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et ralentir la raréfaction des ressources, lutter contre le chômage et la pauvreté et stimuler l’économie ». Afin de pouvoir répondre aux défis actuels sans compromettre l’avenir des générations futures – la définition du développement durable -, le Programme des Nations Unies pour l’environnement appelle à un plan d’action économique et environnemental global, avec pour mesure phare la demande faite aux pays industrialisés de consacrer au moins 1 % de leur PIB à la réduction de leurs énergies fossiles.
L’appel des Nations Unies vient compléter la part consacrée à l’environnement par les plans de stimulation de l’économie mis en place dans de nombreux pays. Une étude réalisée par HSBC à partir des programmes de quinze pays évalue le total des investissements verts à 342 milliards de dollars, dont la moitié devraient être enclenchés dès cette année. L’efficacité énergétique, la recherche et développement, les déchets et l’eau sont les premiers postes concernés dans le cadre de cette relance par l’écologie. La Corée du Sud présente la feuille de route la plus verte, avec 69 % d’investissements dans ce domaine, tandis que la Chine compte y consacrer le plus de moyens financiers (198 milliards de dollars).
Des plans de relance aux ambitions disproportionnées
« Il n’y aura pas un centime de dépensé sur les projets qui favorisent la production de masse, ou les secteurs hautement polluants et gourmands en ressources », s’est engagée l’Agence de planification chinoise, qui pilote le plan de relance. Dans les faits, il s’agit essentiellement d’accélérer les projets prévus dans le plan quinquennal d’aménagement en débloquant les fonds nécessaires, mis à disposition des autorités locales. Le traitement des eaux, passé de 34 % à 52 % en cinq ans, fait office de véritable priorité nationale. De nombreuses stations d’épuration ont été mises en place, mais la question des boues résiduelles n’a pas encore été réglée. Au-delà des équipements publics, ce sont les entreprises qui sont appelées à se moderniser, en profitant notamment de l’engouement international pour la cause environnementale.
Aux Etats-Unis, ce sont 80 milliards de dollars qui seront affectés à l’environnement. L’amélioration de l’efficacité énergétique des logements est considérée comme prioritaire, suivie par les énergies renouvelables et la modernisation du réseau électrique, qui a montré de nombreux signes de faiblesse ces derniers mois. Comme en Chine, ces investissements et aides s’inscrivent dans une démarche plus globale. Lors de son élection, Barack Obama avait annoncé la mobilisation de 150 milliards de dollars sur dix ans pour les énergies renouvelables, et la volonté réduire de 80% les émissions à effet de serre d’ici à 2050. L’enjeu est essentiellement économique : il s’agit de faire parvenir le coût des énergies alternatives à un stade où elles seront plus accessibles que les énergies fossiles. Même si leurs atouts écologiques ont largement été démontrés, les Américains sont encore réticents pour des motifs financiers, estime l’Administration.
En France, l’importance des nouvelles infrastructures routières et des aides indirectes au secteur automobile, qui peine à faire émerger des véhicules plus respectueux de l’environnement, a surpris les experts. Sur un montant total de 26 milliards d’euros, seuls cinq seront alloués au développement durable, qui passera essentiellement par une amélioration de l’efficacité énergétique, notamment à la SNCF. Le gouvernement a privilégié l’initiative individuelle, avec un éco-prêt à taux zéro récemment présenté par Jean-Louis Borloo, complétant les crédits d’impôts déjà existants. Ce double avantage fiscal, qui s’adresse à 75 % des Français, a été préféré à l’intervention de l’Etat dans le domaine de l’environnement.
L’inégale répartition des investissements entre pays peut donc laisser dubitatif quant à un potentiel Green New Deal. Mais l’urgence de la situation et les opportunités qui s’ouvrent – pour Merrill Lynch, les cleantechs (technologies liées à la protection de l’environnement) ne seront rien de moins que la « sixième révolution industrielle » mondiale – laissent entrevoir de larges perspectives.