Edouard Minart, cofondateur de la micro-brasserie BapBap, fait le point sur la première année d’existence de l’entreprise parisienne.
Depuis avril 2015, la micro-brasserie BapBap (Brassée à Paris, bue à Paris) propose aux Parisiens une gamme de bières artisanales élaborées dans le 11ème arrondissement de la capitale, rue Saint-Maur. Elle fourmille de projets pour se développer, notamment sur le plan de la distribution. Son cofondateur et directeur général, Edouard Minart, répond aux questions de Business & Marchés.
Pourriez-vous nous présenter la (jeune) histoire de BapBap?
La brasserie est née dans nos esprits il y a quatre ans. Nous avons ensuite mis trois ans pour faire émerger le projet, le temps de créer l’entreprise, de trouver un local, d’imaginer ce que l’on voulait faire, de se former… Ensuite, nous avons récupéré notre local en octobre 2014, suivi d’une phase de travaux de six mois, puis nous avons reçu nos machines, et notre brasseur, Bruno Couchaud, nous a rejoints en décembre 2014. Nous avons lancé nos bières en avril 2015. Depuis, trois références ont été crée (l’Originale, la Blanc Bec en septembre, la Vertigo en novembre), et une référence éphémère pour l’été (la Shifumi).
Quel regard portez-vous sur le parcours de l’entreprise?
C’est assez différent que ce que l’on avait imaginé. Cela nous a pris du temps de bien maîtriser nos outils de production. Nous avons eu de bonnes surprises, de moins bonnes… Nous distribuons nos bières dans 80 points de vente, en direct, mais cela reste modeste : en 2016, nous devons continuer à diffuser plus largement notre gamme. Nous souhaitons aussi essayer de proposer, physiquement, de la bière hors de Paris. Nous travaillons avec des distributeurs de bière (bars, restaurants, commerces), et nous disposons aussi de notre propre site d’e-commerce.
Quels principes vous-ont ils guidé pour élaborer votre gamme de bières?
La première motivation, ce sont nos envies personnelles, en partant de types de bières que l’on a envie de réaliser ou d’explorer. Nous avons envie de faire découvrir certains genres méconnus, ou bien en interpréter d’autres à notre façon. La BapBap Originale est un style assez classique (Pale ale) mais à son caractère, tandis que l’India Pale Ale (IPA) est un genre connu des amateurs, mais nous avions envie de faire découvrir ce qu’est une bière houblonnée au grand public. Sur la Blanc Bec, nous avions envie de proposer quelque chose de radicalement nouveau, avec une bière de blé différente des styles belge ou allemand connus en France. Certaines personnes ont un avis très tranché sur la bière blanche : le blé peut être une porte d’entrée intéressante pour des consommateurs un peu moins amateurs d’amertume, et permet de faire redécouvrir la catégorie à un public qui a délaissé un peu les bières blanches.
De quelle manière vous inscrivez-vous dans l’engouement actuel pour la bière artisanale?
Nous élaborons toutes nos recettes nous-mêmes, à petite échelle. On ne lésine pas sur le temps, donc le nombre d’essais n’est pas limité ! Cela nous est arrivé d’abandonner nos idées, car le produit n’était pas à la hauteur de nos attentes… Ainsi, six mois ont été nécessaires pour développer notre IPA, la Vertigo : nous sommes partis d’une idée, nous avons sondé des experts (cavistes, sommeliers…) pour disposer d’une sélection, puis nous avons identifié les éléments qui nous plaisent avant d’en faire une synthèse pour aboutir à un produit qui ne soit pas une pâle copie de ce qui existe sur le marché, mais qui soit orignal, avant de le transcrire, sur le papier, en recette. Ensuite, nous avons essayé diverses formules à petite échelle. Ce process est au cœur du côté artisanal. Notre brasserie est quant à elle 100% manuelle, ce qui demande des efforts physiques et d’organisation très artisanaux ! Enfin, nous devons être capables de parler à nos clients et au grand public, en sortant des offres très standardisées et en répondant aux questions, même sur place.
Quels sont vos projets de développement?
Nous planchons sur de nouvelles recettes pour 2016, dont une Porter, plutôt à l’anglaise, assez légère, avec un côté chocolaté. L’idée, c’est d’avoir une porte d’entrée pour les personnes qui ne connaissent pas forcément les bières au malt torréfié, ou qui ont en peur. Il n’y a pas que la Guinness ! On travaille sur les arômes grillés. Des recettes éphémères sont également planifiées. Nous aimerions aussi collaborer avec d’autres brasseries. Nous comptons aussi développer d’autres événements à la brasserie, et distribuer nos bières plus largement. C’est la deuxième année, qui sera charnière pour nous : on a une meilleure maîtrise de notre outil, il faut maintenant s’en servir !
Photos: Xavier Guinand
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
8 commentaires