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Pendant la crise, le business continue

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Problématiques propose un compte-rendu du grand débat qui s’est tenu au Salon des entrepreneurs, à Paris, mercredi dernier. Alors que la crise de la consommation et les difficultés à trouver un financement pénalisent les chefs d’entreprise, le succès du nouveau statut d’auto-entrepreneur et les possibilités offertes dans les secteurs de l’environnement et de l’internet apportent un bol d’air au monde de l’entreprise.

Selon l’enquête « Système d’information sur les nouvelles entreprises » conduite par l’Insee entre 2002 et 2007, 52 % des entreprises suivies dès leur création sont toujours en place au bout de cinq ans Ce chiffre intervient en pleine montée en puissance du nouveau statut d’auto-entrepreneur, qui encourage la création d’entreprise individuelle à travers une procédure simplifiée et des charges réduites. Cependant, les entreprises individuelles peinent à créer des emplois.  Le profil du créateur compte beaucoup dans la réussite d’une entreprise : « seules 37 % des entreprises dont le créateur a moins de 25 ans sont toujours actives en 2007, contre 55 % de celles créées par ceux de 35 à 45 ans », explique l’Institut.

Dans ce contexte de crise, les performances des firmes sont mises à l’épreuve. « La situation est plus difficile qu’auparavant. On assiste à une hausse des dépôts de bilan, mais aussi vérifier tout ce qui marche. Les outils crées depuis trois mois par le gouvernement sont efficaces. On vient de battre tous les records de création d’entreprise », explique Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises. Invité du Salon des entrepreneurs, il a dressé un bilan de la situation actuelle, entre pessimisme (la crise) et optimisme (« L’auto-entrepreneur, c’est l’avenir, ça, non ? »). Les entreprises qui réussissent sont, selon cette figure emblématique du mouvement patronal, celles qui font de la recherche, qui se focalisent sur l’innovation. De fait, le coût des brevets devrait, selon lui, être intégré au crédit d’impôt-recherche afin de faire face aux pays émergents.

La crise a également posé la question du financement des entreprises. « On a passé une crise financière sans précédent, avec, à un moment donné, une période de rareté de la liquidité. Aujourd’hui, les banques ne sont plus terrorisées comme elles avaient pu l’être », a tenu à indiquer Alain Lemaire, président du directoire de la Caisse d’Épargne.

Le volontarisme face à la crise

Dans le cadre de cette période où la consommation est sérieusement malmenée, la posture à adopter semble délicate. Faut-il se replier, geler ses projets ou au contraire profiter de cette période pour proposer de nouveaux services, notamment à bas prix ? Pour Michel-Edouard Leclerc, les consommateurs continuent à avoir des besoins et des désirs durant la crise : « Je ne crois pas à la politique qui fait le dos rond face à la crise, elle qui contracte le pouvoir d’achat disponible dans le secteur de la grande distribution. Il faut nécessairement des gammes de prix bas, mais pas que des prix bas : il y a aussi une question de statut social et de désirs à satisfaire », selon le premier épicier de France. Le président de la SNCF Guillaume Pépy estime pour sa part qu’il ne « faut pas tomber dans le pessimisme. (…)On ne va pas réduire nos capacités de production. En tant qu’entreprise publique, on a un rôle dans la relance, avec des projets avancés de deux ans pour soutenir les PME ». Le président de Croissance Plus, Frédéric Bedin, ajoute que « la croissance, c’est avant tout une posture. Les clients ont moins d’argent, mais si on innove, on trouve toujours une oreille attentive ».

Green, web : des secteurs encore porteurs

Innover, répondre aux attentes des consommateurs : l’environnement et l’internet apparaissent comme deux des secteurs les mieux placés pour correspondre à ce profil. Ainsi, E02, l’entreprise de Guillaume Poizat proposant des granulés en bois dans un but de chauffage, se situe sur un « marché très porteur, un substitut du fioul domestique (jusqu’à 60 % moins cher). Le secteur du bois est complexe. Le produit est innovant en France, mais très mature dans les pays scandinaves. Après les particuliers, on attaque plus tôt que prévu notre second relais de croissance, les collectivités et les entreprises », explique le jeune chef d’entreprise. Gilles Babinet, investisseur d’Eyeka, une plateforme vidéo à destination des créateurs et des entreprises, se déclare quant à lui « stupéfait du peu d’importance que l’on accorde à l’internet. Aux Etats-Unis, 900.000 personnes sont salariées grâce à eBay. J’ai cinq sociétés, dont quatre qui proposent des produits qui n’existaient pas auparavant. En France, on a la chance d’avoir une certaine excellence dans la formation des ingénieurs ».

Sur la question plus spécifique de l’environnement, la question se pose sur la réception des consommateurs. « Les consommateurs sont-ils prêts à payer plus cher pour faire partie de l’aventure verte ou pas ? On est contre la décroissance. A Croissance Plus, la plupart des entreprises qui nous rejoignent sont en relation avec le développement durable », ajoute Frédéric Bedin. Guillaume Pepy propose pour sa part pour qu’apparaisse plus clairement le bilan carbone des produits relatif aux transports, ce qui serait bénéfique, à terme, pour la SNCF : Eurostar affiche, depuis un an, des bilans carbone neutres. Toutefois, le prix rebute encore de nombreux consommateurs. « Le vert n’a pas de raison d’être plus cher ! Le bio est trop cher. On a fait baisser les prix du commerce équitable. Chez les constructeurs automobiles, la crise provient notamment du fait qu’ils n’ont pas cru à l’hybride. Le vert est l’avenir, c’est une demande », complète l’initiateur de la suppression massive des traditionnels sacs de caisse en plastique.

Le rôle de l’Etat dans la crise

En conclusion, la ministre de l’Economie a tenu à rappeler le rôle joué par l’Etat dans la gestion de la crise : «dans la crise internationale, l’Etat peut un certain nombre de choses. L’Etat s’est trouvé en situation de devoir réamorcer l’ensemble des circuits. Le crédit recommence à fonctionner. On a mobilisé 2,2 milliards d’euros pour les PME le 4 octobre avant d’aider les banques. Notre première priorité, c’est que les PME accèdent au financement – c’est le minimum. Notre deuxième mesure, mobiliser du cash pour les entreprises par le biais du plan de relance. Notre troisième mesure, poursuivre impérativement la modernisation du pays », a-t-elle indiqué, détaillant la feuille de route du gouvernement. L’innovation et la formation sont au centre des enjeux afin d’accroître la compétitivité du pays.

En pleine crise, non seulement des secteurs résistent, mais l’enthousiasme autour du fait entrepreneurial ne semble pas retomber. Que continue le business !

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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