Les entreprises évoluant dans le secteur de l’environnement doivent faire face à une pénurie de main-d’oeuvre, contrariant leurs projets de développement.
La pénurie de professionnels pourrait pénaliser la création de 500.000 emplois liés à l’environnement d’ici à 2020, selon une étude récemment publiée. Le manque de personnel qualifié apparaît comme criant dans les secteurs de pointe et l’énergie. « Cette carence en capital humain peut tout simplement menacer la croissance de ce secteur dont les investissements ont affiché des progressions de 60 % en 2007« , explique à Réussir Luigi Slaviero, du cabinet de recrutement Heidrick & Struggles. L’entreprise, spécialisée dans l’emploi des cadres, pointe notamment du doigt les postes à hautes responsabilités, telles que les chief executive officers, les directeurs techniques ou les cadres expérimentés. Le développement de la filière étant relativement récent, les profils les plus qualifiés sont difficiles à dénicher. A la sortie des écoles, les grandes entreprises sont plus convoitées qu’une myriade de PME.
Parmi ces emplois à pourvoir, figurent notamment les ingénieurs. Dans le domaine de l’énergie, les pétrolières et parapétrolières, telles que Technip, procèdent à de nombreux recrutements. La mobilité et l’adaptation à d’autres cultures sont les maîtres-mots dans le cadre de la recherche de nouveaux gisements de pétrole, par exemple. « L’entreprise offre de multiples opportunités à fort contenu international avec une prise de responsabilité rapide. Nos ingénieurs s’expatrient quelques années, en moyenne deux à trois ans« , indique au Figaro la responsable recrutement de Technip, Christine Brochard. Compte tenu de la forte croissance du marché de l’énergie, GE Energy anticipe les besoins à venir en procédant au recrutement de 250 ingénieurs, qui viendront s’ajouter aux 800 recrutés l’an dernier. Afin de séduire les jeunes, des concours en lien avec différents établissements sont mis en place.
Des freins identifiés par le Bureau international du travail
« Les données montrent que les emplois verts ne constituent pas automatiquement un travail décent. Nombre de ces emplois sont insalubres, dangereux et difficiles. L’emploi dans des activités comme le recyclage et la gestion des déchets, les bioénergies et le bâtiment tend à être précaire et peu rémunérateur« , avance le Bureau international du Travail pour justifier le rebut de certains candidats envers le secteur. Jusqu’à présent, l’environnement était essentiellement associé à la gestion des déchets, une activité qui génère de très nombreux emplois d’insertion mais peu attractive. Pourtant, les atouts sont nombreux en termes économiques, notamment en cette période de crise: les investissements visant à améliorer l’efficacité énergétique dans le bâtiment pourraient créer plus de 2 millions d’emplois, 20 millions de postes supplémentaires devraient se créer d’ici à 2030 dans les énergies renouvelables, tandis que le marché mondial des biens et services écologiques devrait doubler durant ce labs de temps.
Le manque de formations adaptées est cependant pointé du doigt par les recruteurs. Les filières universitaires seraient trop théoriques, tandis que les cursus professionnalisants souffrent d’un déficit d’image. L’enjeu se situe donc aujourd’hui davantage sur les compétences que sur la main-d’oeuvre potentielle, le développement durable ne devant pas seulement être considéré comme un eldorado mais surtout comme un moyen de mettre en oeuvre des savoirs-faire au service d’un secteur en pleine expansion. Afin de nourrir ce vivier de talents, les enseignants sont en première ligne; or, le manque de professeurs formés alerte les professionnels du secteur. L’environnement, prochain terrain de jeu de l’Education nationale ?