Pour le cofondateur de Workfriendly, Frédéric Rochex, les bureaux doivent prendre en compte les nouveaux modes de travail, notamment collaboratifs.
Il est urgent d’adapter les bureaux aux nouveaux modes de travail, rappelle le cofondateur et responsable du développement de Workfriendly, Frédéric Rochex. Cette PME iséroise, qui a réalisé une cinquantaine d’installations ou d’interventions à ce jour, conçoit des espaces collaboratifs (plateaux projets, salles immersives, etc.) Son chiffre d’affaires prévisionnel pour 2015 est de 300.000 euros. Interview.
Comment les espaces de travail peuvent-ils favoriser un fonctionnement en mode collaboratif?
Frédéric Rochex – Depuis plus de 30 ans, les activités se sont spécialisées dans les entreprises alors que les espaces de travail ont très peu évolué. Les nouveaux besoins (innover, collaborer, travailler à distance…) reposent sur un cadre de travail propice à ces activités, à l’opposé des espaces de travail actuels rigides et datés.
Collaborer nécessite de pouvoir travailler dans des postures différentes, de permettre la prise de parole, la co-construction de solution (résolution de problèmes), de casser la hiérarchie, d’ouvrir le champ des possibles… autant d’éléments qui reposent essentiellement sur le cadre de travail qui doit permettre de « mettre dans la bonne attitude » les participants.
De nombreuses études sociologiques récentes montrent l’importance de ce cadre de travail : l’aménager pour travailler efficacement à plusieurs, le besoin de se ressourcer rapidement, le fait de donner de la place à l’émergence de la sérendipité, rendre agile, mettre en action…. Travailler debout, modifier rapidement son espace de travail, afficher des données numériques en grand format ou bien encore interagir avec ces données sont les clefs d’un espace de travail collaboratif repensé pour plus d’efficience.
De quelle manière des bureaux et espaces repensés peuvent-ils freiner l’essor du télétravail ou des tiers-lieux?
Les bureaux ne sont pas en concurrence avec les tiers lieux et le télétravail, au contraire, ils doivent évoluer pour permettre une meilleure complémentarité entre ces différentes solutions. Le mode collaboratif ne nécessite pas forcément la présence de tous les acteurs : les bureaux peuvent donc être repensés pour permettre de rentrer en contact facilement avec les télétravailleurs, les tiers lieux…
L’enjeu, c’est l’intégration des nouvelles attentes des travailleurs et des nouvelles technologies de l’information dans les bureaux (les frontières s’effacent). Ces derniers ne peuvent plus se contenter d’être un réceptacle passif, aujourd’hui il faut redonner de la cohérence et du sens en fonction de l’activité et des objectifs de production.
Comment les technologies mobiles (PC portables, wifi, tablettes, etc.) peuvent-elles être intégrées à l’aménagement des espaces de travail?
Premièrement, en prenant en considération leur existence et en les intégrant de façon ergonomique (garantir une connexion fiable, possibilité de se brancher facilement…) Deuxièmement, en adaptant l’usage de ces technologies, car il ne s’agit pas forcément d’outils professionnels (ils regroupent des données personnelles et professionnelles, sont plus ou moins accessibles, fiables, sécurisés…) Enfin, en créant des applications (softs) spécifiques qui reposent sur l’utilisation des technologies mobiles et qui permettent de travailler de façon plus efficiente. Ces nouvelles technologies (et de très prochaines qui arrivent, encore plus incroyables) permettent de repenser l’espace de travail, mais elles doivent être domptées au service de l’activité pratiquée par les collaborateurs de chaque entreprise.
Comment envisagez-vous le devenir des bureaux, qu’ils soient en open-spaces ou individuels?
La guerre open-spaces/bureaux individuels n’est plus d’actualité. Il faut envisager les choses aujourd’hui en terme d’espaces : des espaces pour produire, d’autres pour échanger, pour réfléchir seul, à plusieurs, pour piloter… En fonction de la typologie du travail à réaliser, l’espace adéquat sera utilisé. Chaque espace dispose alors des ressources, des outils, et est aménagé de façon spécifique pour être source de motivation, d’efficience et inciter à l’action.
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