Home’n’Go s’empare de l’open data pour bousculer le marché des annonces immobilières. L’ouverture des données publiques constitue notamment un enjeu démocratique.
Créée en 2011, la start-up parisienne Home’n’Go entend bousculer le marché des petites annonces immobilières grâce à l’utilisation de données publiques (open data). Celles-ci permettent d’enrichir la recherche de biens grâce à des informations sur le quartier ou bien encore les impôts locaux. Dans cette tribune rédigée pour Business & Marchés, le CEO de Home’n’Go Adrien Pavillet met en lumière les opportunités offertes par l’ouverture des données publiques dans le secteur de l’immobilier.
« L’open data (ou l’ouverture des données, qu’elles soient publiques ou privées) est un mouvement récent débuté dans les années 2000 qui consiste à permettre l’accès à des données et surtout à leur réutilisation. Des transports à l’énergie en passant par la santé, tous les domaines sont concernés.
Open data et immobilier: les enjeux
L’immobilier, et particulièrement la recherche d’un bien, se retrouve à la croisée de tous ces domaines et profite donc particulièrement de cette mouvance en permettant au futur propriétaire ou locataire de s’informer comme jamais il n’aurait pu le faire auparavant. Ce besoin d’informations est d’autant plus grand que trouver un logement reste un acte anxiogène tant les sommes et le temps consacré sont importants.
L’open data permet de réduire cette anxiété en permettant par exemple de connaître le niveau d’éducation à proximité du futur logement, la présence ou non de crèches, des équipements de santé ou encore des transports. Mais il est possible d’aller encore plus loin en renversant la démarche même de recherche. En utilisant ces données, Home’n’go permettra dans un futur proche de trouver un logement non plus par quartier figé mais en utilisant ses propres envies : “Je cherche un logement avec une crèche se trouvant à moins de 25 minutes de mon travail en transports en commun”.
En plus de cet aspect d’apport d’informations, l’open data est aussi un formidable de contrôle des politiques publiques pour le citoyen, qu’elles soient locales ou nationales. La publication des déclarations de revenus des élus en est exemple, ainsi que le récent rapport sur les impôts locaux que nous avons publié. Pour l’immobilier c’est l’occasion de juger la politique d’une ville avant de s’y installer ou d’anticiper les coûts des taxes locales.
Open data: où en est-on?
Le chemin vers une transparence totale est encore long malgré les bons résultats obtenus par la mission Etalab depuis sa création. Nombreuses sont les administrations et collectivités qui, au prétexte de danger potentiel, ne souhaitent pas rendre publiques leurs données. Il faut reconnaître que ce changement n’est pas aisé pour des établissements qui ne savent pas toujours eux-mêmes où sont leurs données ou ne les partagent même pas en interne, quand ces dernières ne sont tout simplement pas informatisées. Une fois ces peurs dépassées, il est raisonnable de penser que la mise à disposition des données devrait s’accélérer, favorisant ainsi la création d’usage par leur possible croisement.
Une chance pour le citoyen
L’open data devrait permettre dans les années à venir de réduire les coûts pour les citoyens dans le domaine privé (celui de la santé par exemple) mais aussi public en permettant un meilleur contrôle des recettes et des dépenses. Dans quelques années, il est même possible qu’une démocratie soit jugée sur la transparence et les données qu’elle libère, assurant à tous la possibilité de s’informer… »
Adrien Pavillet, CEO de Home’n’Go
Photo : Model of a house and key ring on a blueprint par Shuterstock/Alexander Raths