Sowefund propose aux particuliers de co-investir au capital de start-up avec des professionnels du secteur. Son co-fondateur et DG, Benjamin Wattinne, explique ce modèle.
« Prenez part ! » Crée en décembre 2013, Sowefund propose aux particuliers de co-investir au sein d’entreprises aux côtés de business angels. Son site, ouvert en septembre dernier, propose divers niveaux d’information sur les projets, qui sont également présentés « en direct » par les entrepreneurs. La deuxième édition de ce round-up, le Sowepitch, a eu lieu jeudi dernier à Paris. « Nous souhaitons déplacer une partie de l’épargne des Français vers les entreprises », explique le co-fondateur et directeur général de Sowefund, Benjamin Wattinne. Il répond aux questions de Business & Marchés.
Comment Sowefund se distingue-t-il des autres acteurs du crowdfunding ?
Nous sommes la première plateforme d’investissement participatif à avoir axé notre stratégie sur le co-investissement. Nous considérons en effet que nous poursuivons, avec les professionnels du capital risque, un objectif commun : contribuer à l’émergence des pépites de demain. Dans la situation actuelle, caractérisée par une difficulté croissante à trouver des fonds pour les sociétés en phase d’amorçage, nos activités ont davantage intérêt à se compléter qu’à se concurrencer. Nous nous employons donc à tisser un réseau de partenaires professionnels (business angels, fonds d’entrepreneurs) qui valident la qualité des dossiers avec nous, et investissent aux côtés des particuliers.
Ce positionnement nous confère une véritable crédibilité sur le marché, accentuée par notre agrément Conseiller en investissement participatif (CIP), délivré par l’Autorité des marchés financiers en octobre 2014, et par l’obtention, unique pour une plateforme de crowdfunding, du label Pôle Finance Innovation en Janvier 2015.
Sowefund se distingue également par la pertinence du service offert à l’entrepreneur : nous travaillons avec les entrepreneurs sur la communication de la campagne (réalisation de la vidéo, rédaction de l’offre, relations presse et community management), et regroupons, à l’issue de la collecte, une partie des actionnaires de l’entreprise au sein d’une société intermédiaire (holding), afin de faciliter leurs relations avec l’entrepreneur.
De quelle manière s’effectue l’investissement au sein des entreprises entre les professionnels et les particuliers (avec notamment le principe de la holding) ?
En amont, nous sélectionnons, en lien avec nos partenaires investisseurs, les start-up les plus innovantes et les plus ambitieuses, et publions en ligne toutes les informations susceptibles d’aider à réaliser le meilleur choix d’investissement. Ce qui compte avant tout pour nous, c’est le degré d’innovation du projet, et la qualité de l’équipe qui doit le mener à son terme.
Pour l’investisseur particulier, la navigation sur la plateforme se veut fluide : toutes les start-up sont référencées sur une page dédiée. Plusieurs formats d’investissement sont à sa disposition : il peut investir en direct dans l’entreprise à partir d’un certain montant, ou via une société intermédiaire (holding), qui regroupera à l’issue de la collecte l’ensemble des investisseurs ayant choisi ce véhicule. Ces investisseurs seront en fait actionnaires de la holding, qui sera elle-même actionnaire de la start-up. Ce dispositif a été mis en place pour éviter un fractionnement trop important du capital.
Quelles entreprises avez-vous accompagnées depuis votre lancement, ou sont en cours de campagne ?
Sowefund a officiellement vu le jour en décembre 2013, et nous avons lancé nos deux premières campagnes en septembre 2014 : Testamento.fr, qui permet de rédiger légalement son testament en ligne, et Altiplano, la première bière française au quinoa bio et certifiée sans gluten. Un pari réussi puisque ces dernières ont respectivement atteint 114% et 141% de leur objectif !
Nous proposons aujourd’hui 8 start-up à l’investissement : BibeliB, qui conçoit des housse de valise intelligentes dotées d’une technologie de traçabilité inédite ; Neocanal, une agence de prospection digitale ; Isidore Design, une maison d’édition de meubles haut de gamme ; Captch Me, une régie publicitaire digitale ; PlanetRide, une plateforme de mise en relation entre voyageurs passionnés de road trips et agences de voyage locales ; Vision du Ciel, un concepteur de drones industriels ; BlendBow, la première machine destinée à réaliser des cocktails sans intervention humaine ; et SolaireBox, qui associe constructions légères et installations solaires.
Quels sont vos objectifs de développement ?
Dans un premier temps, nous souhaitons poursuivre la dynamique de partenariats que nous avons commencé à nouer avec les professionnels de l’investissement. Le crowdfunding n’en est aujourd’hui qu’à ses balbutiements, et nous sommes convaincus que la stratégie gagnante passera par des associations pertinentes entre les différents acteurs du financement. Cette intuition est d’ailleurs aujourd’hui confirmée par l’arrivée massive des investisseurs institutionnels au capital, ou en tant que partenaires, des plateformes de crowdfunding.
Dans le même ordre d’idée, nous pensons que l’avenir du crowdfunding ne sera pas français mais européen, voire mondial. A l’heure actuelle, la réglementation associée à notre statut de Conseiller en Investissements participatifs nous interdit d’exporter notre activité en dehors de France. Un changement de statut peut être envisagé, mais c’est surtout une harmonisation européenne des réglementations relatives au crowdfunding qui sera à même de faciliter l’arrivée de champions européens.
A terme, notre ambition est de conquérir le marché européen puis mondial, en devenant leader sur le marché du financement des entreprises par les particuliers à horizon 2020. Pour cela, nous devrons d’abord assurer notre croissance en France, en améliorant notre notoriété auprès des particuliers français. Cela passera notamment par l’organisation régulière d’évènements.
Photo : Close-up Of Person Drawing Arrow Direction With Crowd Funding Text par Shutterstock/Andrey_Popov