« Le marché actions se dirige vers une longue période de consolidation, qui dépendra de la confiance – ou la perte de confiance – des investisseurs dans Barack Obama et le Congrès démocrate. Il va rester volatil, ce qui va créer des opportunités dans les échanges« , a expliqué Al Goldman, analyste chez Wachovia Securities. Les tribulations des indices boursiers américains sont le dernier moyen de juger de la réaction du milieu financier au retour, le 20 janvier prochain, d’un démocrate à la Maison Blanche. Ce mercredi soir, le Dow Jones dévisse de 5,28 % et le Nasdaq de 5,66 %, des baisses significatives qui peuvent, selon les points de vue, être interprétées ou non comme une réaction à l’élection.
Les variations des indices boursiers constituent un des indicateurs permettant de jauger de la santé d’une économie. Aux Etats-Unis, cette dernière est en difficulté depuis plus d’un an et demi, date des débuts d’une crise à l’ampleur planétaire. Lundi, quelques heures avant le scrutin, l’enseigne de produits électroniques Circuit City annonçait la fermeture de 155 établissements, et l’agence de notation Moody’s faisait part de ses proccupations sur la solvabilité des ménages américains: ils devraient être 7,3 millions à l’horizon 2010. Selon les estimations du Trésor, jusqu’à 50 milliards de dollars seraient à mobiliser afin d’éviter l’explulsion de 3 milliions de propriétaires, pris à la gorge par la remontée des taux. Ce panorama, dressé sur les derniers jours, en dit long sur l’état de l’économie américaine.
Immobilier: l’épicentre de la crise au plus mal. 13,85 % du revenu des ménages américains est dédié au remboursement des crédits immobiliers et consommation, selon les données communiquées par la Réserve fédérale américaine. Cette proportion, qui n’a cessé de s’accroître ces derniers mois, est à mettre en parallèle avec le fait qu’un propriétaire sur dix est considéré comme mauvais payeur et/ou en voie d’expulsion. La barre des 5 millions de saisies en 2008 est sur le point d’être atteinte. Depuis leur plus haut en juillet 2006, les prix ont reculé de 20 %, provoquant de nombreuses difficultés pour les firmes du secteur.
Social: restaurer l’égalité. Selon le prix Nobel d’économie Paul Krugman, la société américaine est aussi inégalitaire qu’elle l’était dans les années 1920. Ce constat met à mal les idéaux tels que véhiculés par les Etats-Unis dans le monde ! Le Bureau du recensement indique que 12,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, soir 37,3 millions d’Américains. L’instauration d’une véritable sécurité sociale sera aussi au coeur des enjeux inhérents à l’investiture de Barack Obama: en effet, pas moins de 45,6 millions d’Américains se trouvaient sans couverture sociale l’an passé.
Des finances au plus mal. D’un excédent de 2,3 % du PIB en 2000, le solde budgétaire a fondu en un déficit de 3,4 % du PIB dès 2002. Selon différentes projections, il pourrait atteindre la barre des 6 % l’an prochain, du jamais-vu depuis 1983. Les 716,7 millions de dollars de déficit commercial (contre 384 milliards en 2001) ne font qu’aggraver la situation. Les Etats-Unis sont au point de se retrouver en récession technique. « Cette récession va durer plus longtemps et causer plus de destruction qu’aucune autre depuis la Seconde Guerre mondiale« , analyse pour Le Figaro l’économiste Martin Feldstein, professeur à Harvard.
Les difficultés de l’industrie et du marché de l’emploi seront également des défis à relever pour l’Administration qui devra faire ses preuves dans deux mois. En attendant, Barack Obama peut d’ores et déjà affiner sa stratégie et réfléchir à la composition de l’équipe qui aura à charge de relancer l’économie la plus influente au monde.