Pays émergents en question (1). Même s’ils ne constituent pas la frange des Etats les plus développés, ils font parler d’eux par leur remarquable croissance. Les Bric, et plus généralement un ensemble de pays émergents, sont la nouvelle coqueluche des économistes.
« Dans un environnement financier mondial empreint d’incertitudes, il est plus important que jamais pour les pays de stabiliser les fondamentaux de la croissance et du développement économiques« , explique à La Tribune le président du World Economic Forum, Klaus Schwab. Le défi des pays émergents réside aujourd’hui dans leur capacité à se développer à la fois sur le plan économique mais également politique, afin de prouver qu’ils sont à même de s’inscrire pleinement dans la compétition mondiale. Nombre de ces Etats jouent déjà un rôle majeur sur la scène internationale, ce qui n’est pas sans conséquences sur la croissance.
Alors que la France est en récession et que les Etats européens peinent à dépasser les 2 % de croissance, le Brésil devrait enregistrer cette année un accroissement de 5 % de son produit intérieur brut (PIB), la Russie 7,5 %, l’Inde environ 8 % et 9,9 % pour la Chine. Un ralentissement de la croissance est néanmoins perceptible. Même touché par la conjoncture mondiale, le quatuor des BRIC s’inscrit dans une logique de conquête. Leur poids dans le PIB mondial est actuellement estimé à 13 %.
Ces chiffres inscrivent les pays émergents dans une logique de développement soutenu et de renforcement de leur présence à l’échelon mondial. Les derniers soubresauts de la finance ne les ont guère épargnés, ce qui atteste de leur implication au sein des échanges internationaux: « pour la première fois depuis la crise asiatique, les émergents sous-performent les indices occidentaux. La croissance des profits est complètement absorbée par la remontée de l’inflation à l’instar des Bourses dans les années 1970« , estimait il y a quelques semaines François Chevallier, de VP Finance.
Les développements qu’ont connu les nouveaux pays industrialisés (NPI), basés sur une part importante du secteur manufacturier dans le produit national brut, d’importants excédents commerciaux et un degré d’ouverture sur l’extérieur élevé constituent un modèle pour des Etats plus en retrait sur la scène économique. Le groupe Brésil-Russie-Inde-Chine est en passe de réussir à concilier ces critères, même si d’importants déséquilibres intérieurs subsistent. La répartition des richesses au sein de ces pays reste un facteur problématique.
Les pays émergents captent l’attention des leaders économiques et politiques, mais leur périmètre reste encore discutable. Si l’acronyme « BRIC » s’est imposé comme une référence, la banque d’affaires Goldman Sachs a tenté d’instaurer il y a deux ans le concept de « N-11 » (next eleven), à savoir une liste de onze Etats « capables de faire partie des vingt premières économies mondiales« . La perfectibilité de leur système politique remet cependant en question de nombreux projets d’investissement dans ces pays. C’est pourtant une donnée clef que prennent en compte un nombre croissant d’entreprises, qui délocalisent ou s’étendent en examinant de près cette variable. Mais, une chose est sûre: qu’ils soient quatre ou onze selon les classements, les pays émergents ont une carte à jouer sur la scène économique mondiale.