Au salon des spiritueux français France Quintessence, les start-up se sont illustrées par leur créativité aux côtés de grands noms du gin, de la vodka, du whisky ou du rhum.
« La France est un pays de spiritueux », aime à rappeler Philippe Jugé, coorganisateur de France Quintessence, pour qui « un salon est une caisse de résonance, qui accompagne les tendances, et qui doit avoir un effet loupe ». La troisième édition de l’événement dédié aux spiritueux français, organisé les 10 et 11 septembre à Paris, n’a pas échappé à la règle : nombreux étaient les nouveaux exposants (+15%) à faire découvrir leurs produits, dont plusieurs start-up, tandis que le gin était à l’honneur avec 23 marques représentées : « il s’agit d’une lame de fond… et aucun gin ne ressemble à un autre ! »
Rétha coche les deux cases : l’entreprise, lancée il y a un an sur l’île de Ré, a présenté pour la première fois à France Quintessence son gin à base d’algues Fugus produites localement. Celles-ci étaient jusqu’alors uniquement utilisées par des industriels de la santé. Elles sont accompagnées d’une base de genièvre, de citron, de poivre et de gingembre. La start-up s’est fait connaitre avec sa vodka à base de pommes de terre lancée l’an dernier. « Nous donnons un nouveau débouché aux pommes de terre AOP hors calibre. Nous les rachetons – nous sommes donc calés sur les dates de récolte. 1000 bouteilles avaient été produites ; nous avons dû proposer notre réserve de taille équivalente. Cette année, 6000 bouteilles numérotées seront en vente. De plus, il n’y avait pas de vodka à base de pommes de terre distillée en France », explique Morgan Guilloto, cofondateur de Rétha avec son cousin Jérôme.
Paul Berkmann, ancien directeur commercial dans les médias et télécoms, a pour sa part lancé il y a cinq mois, à l’aide de sa société Bastille Day, Guillotine (photo de tête). « La vodka fait sa révolution », clame-t-il en présentant sa vodka blanche (issue de marc de raisins du vignoble champenois) ainsi qu’Héritage, une vodka vieillie en fûts de chêne (de quinze jours à six mois). Les produits, distillés à Aÿ-Champagne (Marne), sont ensuite transportés à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) pour être mis en bouteille. L’entreprise vise une distribution en cavistes et dans les bars et hôtels haut-de-gamme avec le spiritueux le plus consommé dans le monde (19% des ventes).
Le fondateur de la distillerie Bows, Benoît Garcia, a quant à lui conçu son local, son alambic et ses spiritueux tout seul ! A Montauban (Tarn-et-Garonne), il produit depuis janvier de la vodka (le blé et l’orge achetés auprès d’agriculteurs locaux sont mariés à du houblon), du gin, deux références de rhums ainsi qu’une eau-de-vie de malt (le terme de whisky étant réservé aux produits ayant vieilli au moins durant trois ans) conçue « comme une imperial stout », résolument savoureuse.
Distribués par L’Explorateur du goût, les whiskies de la Maison Benjamin Kuentz, du nom de ce jeune entrepreneur œuvrant précédemment dans l’univers commercial et marketing en CHR, se caractérisent par la démarche qui a précédé à leur création : « en tant qu’éditeur de whiskies, je rencontre les producteurs, les tonneliers, les agriculteurs… et je réalise ensuite un cahier des charges, que j’ai soumis, pour mes deux premières créations, à la Maison de la mirabelle de Rozelieures, en Lorraine. » Pour créer son entreprise, il a eu recours au crowdfunding, sur la plateforme spécialisée dans l’agriculture et l’agroalimentaire Miimosa. (D’un) verre printanier est un whisky qui se veut frais, « avec un nom marqué par l’élégance littéraire » et le souhait de préciser ses conditions de dégustation idéales. Fin de partie, quant à lui, est plus aromatique.
Impossible, enfin, de louper les bouteilles bleues de Lord of Barbès. « Cette couleur, qui est celle des flacons de pharmacie, filtre les ultraviolets », rappelle le fondateur et directeur artistique de la start-up lancée il y a un an, Hervé Lopez, qui tient un « cabinet de curiosités » dans le 18ème arrondissement de la capitale, à la fois siège et showroom. Toutefois, la mention « Gin de Paris », revendiquée par l’équipe de l’entreprise, ne tient qu’à la provenance de l’eau de réduction, puisée dans un square… car les produits sont fabriqués à Bercloux, en Charente-Maritime. Une astuce qui, même si elle éclipse les efforts fournis par des alcooliers fabriquant réellement leurs bières et spiritueux intra-muros, n’empêche pas de déguster ce gin avec son nouveau sirop tonic maison.
Photo de couverture : Eric Pérez pour France Quintessence
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