Cap sur le salon Bien boire en Beaujolais pour rencontrer de jeunes vignerons qui souhaitent faire bouger les lignes.
« Nous assistons à un renouvellement des pratiques et des générations, avec des vignerons et des vigneronnes qui reprennent les exploitations familiales et font bouger les lignes. Les professionnels perçoivent, de notre part, de la convivialité et de la simplicité », observe Louis-Benoît Desvignes, 38 ans, président de Bien boire en Beaujolais, un regroupement de cinq associations qui tenait son septième salon annuel les 15 et 16 avril. L’objectif des 220 producteurs présents sur trois sites (château de Corcelles, château de Pizay, château des Ravatys) : illustrer la vivacité du Beaujolais, loin des clichés, et mettre en avant leurs exploitations familiales.
« Le rapport des jeunes générations au vin a changé »
« Le rapport des jeunes générations au vin a changé. Nous faisons partie d’une génération qui a beaucoup voyagé, et a observé de multiples façons de travailler. J’étais auparavant caviste spécialisé en bières, un univers où les consommateurs sont plus avides de changement. Il va falloir que les clients deviennent, aussi, plus ouverts sur le vin », observe David Large, 31 ans, vigneron au Montmelas (Rhône) et sommelier. A la tête de 5 hectares et de l’équivalent de 2 ha en négoce, il est seul aux opérations depuis 2011, et à plein temps depuis l’an dernier. Pour dépoussiérer l’image du Beaujolais, il organise depuis deux ans des soirées vins et rap français à Lyon et à Valence. Ses étiquettes ont la musique pour thème.
Parmi sa gamme figure l’Hearthbreaker (2017), en appellation Côte-de-Brouilly. « J’ai essayé de travailler entre le muscle et la souplesse. Le nom fait référence à une histoire entre Led Zeppelin… et un braqueur de banque », imagine David Large, qui met également en avant Les Grands terriers (Beaujolais-Villages, 2014), où l’idée était d’apporter plus de puissance au vin, « comme une barrette supplémentaire au judo. » Il a expérimenté, pour la production de ce vin rouge, l’usage d’une cuve ovoïde. A noter aussi, le Masai (2015), une cuvée en Beaujolais nouveau tirée directement en bouteille, exception faite du millésime 2017 pour cause de lie. « Le négoce me permet d’aborder de nouveaux terroirs », revendique-t-il par ailleurs, en apposant la distinction entre ses deux activités sur les étiquettes.
«C’est génial d’être vigneron actuellement !»
A Blacé (Rhône), Sylvère Trichard s’est installé en 2012. Il produit aujourd’hui 30.000 cols par an, et aimerait augmenter sa capacité. « C’est génial d’être vigneron en ce moment !, s’exclame-t-il. Il y a un réel engouement pour le gamay. Des cavistes, restaurateurs et importateurs m’accompagnent dans cette démarche. » Son Beaujolais (2017) se présente comme « un vin de copains, à boire debout. » Il a laissé volontairement un peu de gaz dans le produit – dégusté, au sous-sol du château de Pizay, sur un fond de rock, platines à l’appui. Pour la table, il préfère parler de son Beaujolais-Villages (2017) avant d’embrayer sur un Gisous, de vieilles vignes (2017), encore en cuves.
Du nucléaire au vin
A Cercié (Rhône), Romain Chanrion, 29 ans, a pour sa part rejoint l’exploitation familiale – le Vignoble Chanrion – l’an dernier, à la suite d’une école d’ingénieurs avec une spécialisation en physique et d’un premier emploi chez Areva. « Je me suis spécialisé dans un domaine précis, mais mon job était sédentaire. J’avais besoin de contact, de diversité et d’échanges », indique-t-il.
Il présente en avant-première le blanc (2017), élaboré à partir de gamay. « 2017 a été une année assez chaude, qui n’a pas permis de faire de l’effervescent. Nous avons donc lancé cette expérimentation », explique-t-il en faisant déguster ce vin aux arômes de pamplemousse et de fruits exotiques. Une originalité pour le domaine (7 ha). Depuis dix ans, un vin effervescent est toutefois produit, à l’aide d’une double fermentation. Ce brut repose 24 mois sur lattes, afin de parvenir à des bulles plus fines. L’entreprise exporte deux-tiers de sa production (Etats-Unis, Royaume-Uni, Belgique…) « Les choses bougent dans le Beaujolais », souligne Louis-Benoît Desvignes.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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