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1929-2009: une crise quasi-permanente?

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Fabienne Bock, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, proposait samedi dernier une conférence sur l’après-crise de 1929. Un constat s’impose: le système se nourrit de crises de manière presque continuelle.

L’analyse de l’évolution économique depuis 1929, même accélérée, laisse songeur. Le système semble, in fine, constituer en une répétition de crises prévisibles par quelques événements annonciateurs : l’emballement sur les marchés actions (1929), le choc provoqué par la hausse des cours du pétrole (1973), ou bien encore le prêt massif à des ménages à la solvabilité douteuse (2008). Quelques étapes-clefs de l’histoire économique mondiale permettent de mettre en lumière les derniers événements.

Entre 1944 et 1949, une vingtaine d’années après le fameux « jeudi noir » de Wall Street, on assiste, notamment dans le cadre des réponses faites à cette crise, à quatre créations d’ampleur mondiale : l’Organisation des Nations Unies, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Mondiale et le GATT (General agreement on tariffs and trade), devenu l’OMC (Organisation mondiale du commerce). La signature des accords de Bretton Woods est par ailleurs à souligner.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le 22 juillet 1944, les alliés instaurent un système monétaire dont le pivot est le dollar, lui-même rattaché à l’or (les accords de Bretton Woods). Ce système de changes fixes permet notamment de limiter les tensions. Les autres monnaies ont pour référence le dollar.

Le comportement relativement stable du système financier dû à ce système sera toutefois remis en cause en 1971, année à partir de laquelle un univers de monnaies flottantes fut institué, l’administration Nixon détachant le dollar de l’or. Les monnaies s’apprécient les unes par rapport aux autres, un facteur de la spéculation. L’accélération des communications par internet, avec un système de veille sur l’évolution du monnaie, constitue un élément de la fragilité du système.

Quatre ans plus tard, le 20 octobre 1948, 23 pays signent un accord fondé sur la liberté des échanges par réduction des restrictions aux échanges, passant notamment par l’abaissement des droits de douane. Selon les promoteurs du GATT, les barrières douanières sont source d’affrontement. Une des causes de la gravité de la crise de 1929 résident dans un protectionnisme considéré comme excessif. En 1995, le GATT s’est mué en Organisation mondiale du commerce, fonctionnant toujours par négociations (les fameux rounds, dont celui de Doha, toujours en cours).

Les Trente Glorieuses, période de forte croissance économique entre 1945 et 1974, sans véritables à-coups, avec à la suite une amélioration globale du niveau de vie des populations, est à souligner. Toutefois, les profits des entreprises décollent, au cours de ce laps de temps puis d’une façon davantage exacerbée par la suite, plus vite que les salaires.

Les salaires, variables d’ajustement, ont donné lieu à des réactions pour le moins diverses : en Allemagne, une tradition de négociation tend à désamorcer les tensions, contrairement aux origines « révolutionnaires » du capitalisme français. En Grande-Bretagne, dans les années 1980, Margaret Thatcher a littéralement détruit le mouvement de syndicalisme, qui ne s’en est jamais vraiment remis. Une entreprise effectuée dans le cadre d’une désindustrialisation massive outre-Manche.

A la fin des années 1950, le charbon est remplacé par le pétrole, alors particulièrement bon marché. Les pays occidentaux passent d’une situation de producteur à celle d’importateur, nouvelle donne dont ils expérimentent les désagréments dès 1973 : trois ans de crise dus à un accroissement du prix de la nouvelle énergie fétiche, des pays exportateurs (regroupés au sein de l’OPEP) s’organisant afin de tirer un meilleur revenu de leurs ressources. Après une phase de croissance nulle entre 1973 et 1975, place à la « croissance molle » : l’inflation pointe son nez, tandis que le chômage se diffuse en masse. Depuis 1973, la France a rarement connu une situation sous la barre des deux millions de chômeurs.

Dans les années 1990, des crises sectorielles affectent l’économie mondiale. En 1997/1998, l’Asie et la Russie dépriment. La « nouvelle économie » prend l’eau en 1999/2000. La bulle internet éclate. L’indice Nasdaq, dédié à la cotation des valeurs technologiques outre-Atlantique, chutant de manière drastique en l’espace de quelques semaines.

Le 15 septembre 2008, la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, conséquence d’un cercle entamé un an auparavant (fermeture de fonds d’investissement, faillite de la Northern Rock), fait l’effet d’un coup de tonnerre. Nouvelle crise, financière, aux origines américaines. Durant le boom du marché immobilier, dans les années 2000, les vendeurs ne se sont guère souciés de la viabilité des acquéreurs. Il s’agissait alors de continuer à vendre des maisons en pensant qu’un emprunteur pourrait revendre en finançant le coût de son crédit.

La titrisation fait des ravages : les créances ont été revendues sous forme de packages dans le monde entier. Les ménages les plus endettés (subprimes) n’ont pu rembourser leur crédit, provoquant une crise aux conséquences également sociales.

Quid de la prochaine crise ?

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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