Le ministre du Travail et des Relations sociales a annoncé une série de mesures visant à prévenir le stress au travail. La transparence constitue le maître-mot de cette campagne.
« Un salarié malheureux ne crée pas de valeur. » En expliquant au Journal du Dimanche comment il souhaitait jeter les bases d’un nouveau « contrat social » au sein de France Télécom, Stéphane Richard, nouveau président des opérations France de l’opérateur, s’est d’emblée posé sur le terrain de l’empathie et de la reconquête des salariés d’une entreprise frappée par vingt-quatre suicides en l’espace de dix-huit mois.
Les événements qui ont affecté l’entreprise de télécommunications ont relancé le débat sur le stress au travail et les conditions d’exercice de l’activité des salariés. Un nouveau suicide chez Renault, constructeur touché par une série de drames il y a deux ans, rappelle les difficultés subsistant dans d’importantes structures de renommée. Dans ce contexte, le gouvernement fait preuve d’un activisme particulièrement fort.
Le ministre du Travail Xavier Darcos met les entreprises sous pression en imposant aux 2.500 firmes de plus de 1.000 salariés d’engager ou de conclure des négociations sur la prévention du stress au travail, dans la lignée de l’accord national interprofessionnel de 2008. « La lutte contre le stress au travail doit conduire à une plus grande efficacité et une amélioration de la santé et de la sécurité au travail, avec les bénéfices économiques et sociaux qui en découlent pour les entreprises, les travailleurs et la société dans son ensemble », rappelait cet accord qui fait office de référence.
Le seuil de 1.000 salariés, qui prévaut actuellement, pourra être abaissé, a d’ores et déjà prévenu le ministre. Les petites et moyennes entreprises (TPE-PME) ne sont pas en reste: si, pour l’instant, elles ne sont pas dans l’obligation de démarrer des négociations, elles feront toutefois l’objet d’une sensibilisation par le biais de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail et l’Institut national de la recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail.
Un tableau ayant pour objectif de contribuer à déceler les risques psychosociaux a été publié sur le site du Ministère. Les bonnes pratiques seront mises en valeur, a assuré Xavier Darcos, prônant la transparence face à des difficultés qui, potentiellement, peuvent être passées sous silence. Un « Plan santé au travail » concernant la période 2010-2014 sera rendu public d’ici à la fin de l’année.
Signe des inquiétudes prévalant actuellement, le Sénat lance une mission d’enquête sur le stress au travail. Les derniers chiffres communiqués par le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles sont alarmants: en termes de pathologies professionnelles, les troubles psychosociaux (anxiété, dépression…) arrivent en tête des consultations, devant des affections liées à l’appareil respiratoire ou à la peau.
66 % des Français disent ressentir de plus en plus de stress au travail, dont 73 % des 35-49 ans (sondage LH2-L’Express).