Le private risk management applique les principes de la gouvernance des risques à la gestion de fortune.
Les nouveaux enjeux de l’industrie financière (1). Les consultants du cabinet de conseil Investance répondent dans cette nouvelle série aux questions de Business & Marchés sur l’actualité du secteur : assurance, digitalisation de la relation client, évolutions réglementaires et innovation. Anthony Pycke, Senior manager practice assurance, nous présente le concept de private risk management.
Dans le secteur de l’assurance, pourriez-vous nous présenter le concept de « Private Risk Management » ?
Des personnes fortunées ou exposées font régulièrement l’actualité suite à des prises de risques inconsidérées, mettant un terme à une vie de famille harmonieuse. Défaut criant d’anticipation ? Certes. Mais quel professionnel serait aujourd’hui en mesure d’offrir un service susceptible d’éviter le scénario catastrophe ?
C’est la raison d’être de l’approche « Private Risk Management » (PRM), véritable innovation en rupture avec les pratiques de place. Ce métier émergent combine un conseil à forte valeur ajoutée, basé sur l’anticipation, ainsi qu’une protection globale et sur mesure des familles appartenant aux catégories patrimoniales et/ou fortunées.
L’approche patrimoniale globale et le « financial planning » déjà existants constituent des propositions de valeur pertinentes. L’approche PRM intègre ces bonnes pratiques et y ajoute une nouvelle dimension : la gouvernance des risques. Le champ d’activité s’en voit ainsi étendu : le spectre d’analyse est élargi (gestion globale des risques au regard des objectifs familiaux), et la panoplie de solutions s’en voit enrichie (bonnes pratiques de prévention, équipements de protection, plan d’organisation, au-delà de la simple optimisation et protection financière).
Concrètement, le PRM utilise les principes du risk management en entreprise et applique ce savoir-faire aux risques auxquels les particuliers les plus aisés se voient confrontés. Ces familles sont généralement déjà entourées par différents spécialistes (comptable, conseiller en investissement financier, conseiller juridique, fiscaliste, courtier en assurances, … mais aussi majordome, sophrologue et autres prestataires atypiques). Un « Private Risk Manager » serait amené à jouer le rôle d’un véritable chef d’orchestre, supervisant conseils et actions dans une optique de maîtrise des risques et d’atteinte des objectifs stratégiques de la famille cliente.
Parmi ses prérogatives, le « Private Risk Manager » éduquerait son client à la culture du risque. Il collecterait les informations sur la famille, ses revenus et son patrimoine, mais aussi sur son mode de vie afin de dresser la cartographie des risques auxquels la famille est exposée. La couverture des risques passerait par des solutions conventionnelles (gestion des actifs financiers et immobiliers, programme d’assurances sur mesure), complétées par des solutions non conventionnelles. A titre illustratif, on peut citer la protection des données sensibles, la sécurité physique des membres de la famille, le coaching en médecine prédictive, la gestion de la réputation, la gestion de crise, etc.
Le PRM devenant le conseiller spécial de son client, il l’accompagnerait dans la durée et serait impliqué dans les décisions stratégiques de la famille.
L’approche PRM a déjà donné lieu à la création d’offres, à des niveaux de maturité divers, dans plusieurs marchés d’assurances à travers le monde. Certains acteurs anglo-saxons, majoritairement des courtiers, ont expérimenté une approche par les besoins estampillée « Personal Risk Management » ou « Private Risk Management », mais principalement à travers des solutions classiques d’assurance, en Non Vie essentiellement. Ainsi, si l’approche PRM commence à être utilisée comme levier de différenciation du service, peu d’opérateurs proposent une couverture globale des risques assurantiels et aucun d’entre eux ne semble en mesure de proposer des services étendus de gouvernance de risques, au-delà de son cœur de métier Assurance.
Le marché du PRM reste donc à conquérir, au moment même où les richesses se concentrent sur une population de plus en plus exigeante dans les pays développés et où les puissances émergentes (BRICS, pays du Golfe…) enregistrent un développement exponentiel des fortunes privées.
Anthony Pycke – Senior manager practice assurance – Investance