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FMI: quatre conseils à Christine Lagarde

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Nommée à la tête du Fonds monétaire international, Christine Lagarde devra s’atteler rapidement à plusieurs dossiers, notamment liés à sa personne.

Le processus de désignation d’un nouveau Directeur général et Président du Conseil d’administration du Fonds monétaire international s’est brutalement accéléré ce mardi, avec la désignation de Christine Lagarde. La ministre de l’Economie prendra ses nouvelles fonctions le 5 juillet prochain, avec pour premier défi de remettre en ordre de marche une institution secouée par l’affaire Strauss-Kahn.

1. S’assurer un consensus autour de sa nomination

L’inculpation de Dominique Strauss-Kahn et sa démission de ses fonctions au sein du FMI ont bousculé une institution qui, sous son égide, a commencé à regagner de l’influence ces dernières années. Le Conseil d’administration du Fonds s’est certes « fixé pour objectif d’opérer son choix par consensus », force est de constater que la nomination de Christine Lagarde aura été particulièrement difficile, notamment en raison du mécontentement de nombreux pays émergents aspirant à davantage de considération.

Agustín Carstens, gouverneur de la Banque centrale du Mexique, comptait sur ces Etats pour combler son retard, mais s’est heurté à leur faible poids dans le processus de désignation. Les Pays-Bas et la Belgique pèsent ainsi, à eux deux, davantage que la Chine, pourtant plus importante tant en termes économiques que démographiques. Le soutien appuyé de Washington a notamment joué en la faveur de Christine Lagarde, qui présente toutefois la particularité d’afficher un parcours plus juridique qu’économique.

2. Tenter de mieux fédérer les différentes sensibilités

« Je ne suis ici pour représenter les intérêts d’aucune région du monde en particulier, mais bien l’ensemble des Etats membres », a affirmé Christine Lagarde lors de son audition devant le conseil d’administration du FMI. Elle a promis de s’atteler à la question de la répartition des quote-parts, un rapport soulignant le manque de représentation de pays en pleine transition économique, notamment en Afrique et en Europe de l’Est. Née des accords de Bretton Woods en 1944, l’institution pourrait pâtir à terme d’un manque de crédibilité.

3. Gérer rapidement l’urgence grecque

La perspective d’un nouveau plan d’austérité vient de provoquer un nouveau mouvement de grève de deux jours en Grèce, pays affecté depuis plusieurs semaines par de nombreux mouvements sociaux. « Nous devrions nous assurer rapidement que le risque d’une contagion du système financier et de tous les pays de la zone euro serait maîtrisée », a estimé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, soulignant l’importance de l’action européenne dans ce dossier, complétée par l’intervention du FMI auprès de la Grèce.

Un premier plan de soutien de 110 milliards d’euros n’a pas permis de soulager la situation. Parallèlement à la situation grecque, l’Irlande, pays fortement secoué durant la crise, devrait bénéficier prochainement d’une nouvelle aide débloquée par le Fonds monétaire international, tandis que la péninsule ibérique, dont l’économie notamment centrée sur le bâtiment s’est effritée, fait l’objet d’une surveillance constante.

4. Accompagner avec tact les révolutions arabes

La transition économique de la Tunisie ou de l’Egypte ne pourra s’effectuer qu’à travers une feuille de route clairement définie et des fonds permettant d’assurer la reprise et le développement économique. L’effondrement des recettes liées au tourisme touche de nombreux entrepreneurs et salariés, qui comptent habituellement sur le pouvoir d’attraction de leur pays. Le récent lancement d’une campagne de publicité en faveur du tourisme en Tunisie représente une première étape de cette relance tant attendue.

En Egypte, le gouvernement a refusé l’intervention du Fonds malgré sa propension à intervenir. L’accord donné pour un prêt de 3 milliards de dollars pour un an est donc caduque, des « pressions de l’opinion publique » expliquant officiellement ce revirement. Pour de nombreux spécialistes, l’exigence de rigueur prônée par le FMI en serait à l’origine, une position davantage orientée vers l’investissement pouvant permettre d’améliorer l’image de l’institution.

Ce dossier occupera à coup sûr une place importante parmi les priorités de la nouvelle direction du Fonds, qui pourra toutefois se réjouir d’évoluer dans un environnement économique en regain de santé : la croissance mondiale a atteint 4,3% en taux annualisé au premier trimestre. Une nouvelle qui ne doit toutefois pas occulter les dangers liés à la difficile résistance du système financier dans un univers où la progression des risques est constante.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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