Efforts davantage portés sur la création que le développement des entreprises, accès aux sources de financement difficile, faible reconnaissance : les entreprises de taille intermédiaire peinent à s’affirmer.
Leur modèle fait les beaux jours de l’économie allemande, tandis qu’il commence à véritablement être reconnu en France. Pourtant, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont dû faire face à une conjoncture économique difficile, au poids de la fiscalité et au coût des achats et des matières premières dans leur récent développement. Ces facteurs sont les premiers cités par les dirigeants d’ETI dans une récente enquête KPMG/OpinionWay, pour expliquer leurs difficultés à croître, leur expansion passant en premier lieu par une forte propension à l’innovation, la rationalisation de leurs processus de production et une expansion soutenue à l’international.
Ce passage en revue de leur environnement et de leur stratégie permet de souligner la spécificité des entreprises de taille intermédiaire, positionnées entre les PME et les grandes entreprises. Leur reconnaissance par la Loi de Modernisation de l’Economie, en 2008, a permis de mettre en lumière un « format » dont de nombreux observateurs s’accordent à dire qu’il pourrait fortement contribuer à la croissance. Leur définition reste néanmoins complexe à fixer, avec un effectif pouvant varier de 250 à 4999 salariés, et un chiffre d’affaires inférieur à 1,3 milliard d’euros.
Ces firmes, à la fois suffisamment importantes pour se développer hors de nos frontières mais conservant une certaine agilité dans leur fonctionnement, permettent de faire valoir leur savoir-faire en évitant l’écueil d’un trop grand émiettement des structures. En 2009, la France comptait trois fois moins d’entreprises de taille intermédiaire que l’Allemagne, le poids des PME caractérisant l’Hexagone (plus de 160.000). Une fiscalité plus avantageuse que pour les ETI constitue le frein le plus visible au développement de cette catégorie de sociétés, pourtant réputées plus compétitives et moins vulnérables.
Passer de la création au développement
« Il va falloir que les grands se mettent à externaliser sans rapport de soumission, qu’ils investissent dans leur propre écosystème, quasiment autant qu’ils investissent chez eux. Pour faire émerger des Microsoft à la française, il faudra une mobilisation nationale autour des milliers de start-up et d’ETI », indique au Journal des Entreprises Frédéric Bedin, président de Croissance Plus. Si la création d’entreprises a longtemps représenté une priorité, le développement de celles-ci apparaît aujourd’hui comme nécessaire. Avec 670 salariés en moyenne contre 20 pour les petites et moyennes entreprises, les ETI apparaissent comme mieux armées pour répondre à d’importants appels d’offres ou faire valoir leur singularité.
Les entreprises de taille intermédiaire allemandes contribuent en effet à une importante part des exportations de leur pays, et ce au moyen de séries limitées, dont les gammes s’apparentent à une stratégie de niche. « Plus d’un tiers de la contribution des ETI à l’activité, à l’emploi et aux exportations en France provient des ETI implantées à l’étranger. Ces dernières ont de meilleures performances que les ETI se contentant d’exporter depuis le territoire français », analysait l’an dernier l’INSEE, soulignant leur remarquable capacité à s’intégrer dans le tissu économique mondial.
Afin d’accélérer leur développement, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche a exhorté les grands groupes à davantage accompagner les entreprises de taille intermédiaire. En mettant en avant leur responsabilité sociale, il compte renforcer le soutien, au moyen de leurs commandes, qu’elles apportent à ces firmes. Des indicateurs de suivi des grands comptes exports seront mis en place auprès des PME/ETI.
Sur le plan financier, l’incertitude liée au déroulement de la campagne de défiscalisation partielle de l’ISF par le biais de l’investissement dans les PME a refroidi les entrepreneurs, qui utilisent ce moyen depuis l’entrée en vigueur de la loi TEPA. La création d’un fonds d’investissement dédié aux PME et aux ETI cotées devrait par ailleurs permettre, si elle aboutit, de doper ce marché. Et si les intérêts publics et privés convergeaient vers ce type d’entreprises ?
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