L’île traverse une crise qui pourrait déboucher, dans le pire des cas, par une sortie de la zone euro… difficile à concrétiser.
« Les dépôts des Français seront protégés quoi qu’il arrive et par ailleurs ça n’arrivera pas », a expliqué à Canal+ le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, qui tente de bien séparer la situation financière de Chypre, dont les difficultés ont marqué le week-end, et de la France. Il s’agit de dédramatiser : quatre Français sur dix estiment qu’ils pourraient se retrouver dans une situation comparable à celle des épargnants chypriotes, selon un sondage Ifop/Sud Ouest.
« Je suis conscient de l’amertume et de la colère des Chypriotes », a pour sa part indiqué le président Nicos Anastasiades, qui doit gérer de front la recherche de fonds dans laquelle son pays est engagé et le mécontentement de la population, qui ne peut plus accéder aux banques depuis le 16 mars. Depuis cette date, sept milliards d’euros doivent être trouvés d’ici au 25 mars afin de pouvoir percevoir une aide de dix milliards d’euros. Cette semaine, la restructuration des banques a été votée par le Parlement.
La crise chypriote soulève trois risques majeurs pour l’économie, selon le Crédit Agricole, le premier étant celui d’un défaut de paiement. L’agence de notation Standard and Poor’s a dégradé jeudi 21 mars la note souveraine de l’île, à « CCC ». « Tout plan d’aide risque d’être impopulaire et difficile à appliquer dans un contexte de long et profond repli de l’économie », a expliqué l’agence, qui met en garde contre une fuite des dépôts bancaires, laquelle provoquerait un effondrement du système. Les retraits sont limités depuis ce dimanche à 100 euros par jour. Elle n’exclut pas une nouvelle dégradation.
Ce second risque, celui d’un exil des capitaux, est amplifié par la structure des dépôts bancaires, d’un montant de plus de 70 milliards d’euros. Chypre, dont le régime fiscal est connu pour son attractivité, abrite de nombreux capitaux russes (9,1 milliards d’euros selon l’agence Moody’s). L’île avait obtenu en 2011 de la part de la Russie un prêt de 2,5 milliards d’euros, dont elle souhaite aujourd’hui étaler le remboursement.
Le troisième risque est celui d’une sortie de la zone euro, dont la mise en œuvre serait délicate. « Au niveau des traités européens, il y a une clause de non sortie de la zone euro qui cohabite avec une clause de non renflouement des Etats », rappelle à BFM Business Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences à l’Université Paris 1. Si le pays était en défaut de paiement, cette issue serait logique, estime l’économiste.
En 1992, un prélèvement sur les dépôts bancaires, première piste explorée dans le cadre de la crise chypriote, a déjà été pratiqué en Italie. Si ses effets étaient bien moindres que dans le scénario actuellement envisagé , force est de constater l’efficacité d’une telle mesure…
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